
J'avais eu des dizaines d'occasions d'y aller quand j'habitais là-bas, mais il a fallu attendre mon retour en tant que touriste pour que je le visite pour la première fois.
Tout est beau, plat et haut, dans ce Musée. Comme à Barcelone, où devant le MACBA se trouve le lieu de rencontre des skaters et des ados en rollers, le MAMCS offre une esplanade aux sports de glisse comme seuls des architectes contemporains peuvent en concevoir.
Je trouve cela intéressant de voir que des ingénieurs en bâtiment présentent aux investisseurs, avant la construction, des dessins d'un monde idéal où les arbres en fleurs cotoient des promeneurs distingués sous un soleil radieux. Il évitent en général de penser aux autres utilisations de ces lieux déshumanisés: le skate, les manifestations politiques, les "flash mobs" ou le trafic de drogue par exemple.
La collection permanente du musée est fournie, impressionante par sa variété. La "petite" ville de Strasbourg s'est payée ce luxe, mais l'utile et l'indispensable n'ont pas vraiment de sens ici. L'ensemble du lieu a une logique qui force le respect, les espaces s'emboitent mais ne nous guident pas. On trouve ici autre chose que ce qu'on est venu chercher.
Si on se rappelle sa génèse, avant son ouverture il y a dix ans, il a fallu un sacré courage à la municipalité de l'époque pour imposer ce lieu. Le musée a été conçu par l'architecte parisien Adrien Fainsilber. La conception massive du bâtiment est cependant critiquée pour le fait que celui-ci ne communique avec son environnement que sur 180 degrés. Il n'offre en effet qu'une façade fermée sur son flanc est, où se situe le quartier populaire de la gare, ce qui contraste avec l'ouverture vers la vieille ville. La lecture qui en est faite est que l'art communique avec le pouvoir (Conseil Général, ENA, cathédrale) et qu'il se protège du petit peuple.
Cette situation est la résultante d'une modification du programme initial, qui prévoyait la disposition des locaux techniques et des machineries en sous-sol. La volonté de créer à la place un stationnement souterrain a nécessité une adaptation du projet, qui s'est conclue par une disposition de ces locaux techniques du côté est du bâtiment, entraînant ainsi son occlusion.
L'art moderne pose visiblement un certain nombre de problème aux pouvoirs publics. Il est sûrement aussi difficile d'expliquer au contribuable que l'Etat a fait l'acquisition d'un monochrome pour une collection permanente que de chercher des fonds pour envoyer des hommes sur la Lune.

Quoi qu'il en soit, courez voir l'expo de Piotr Uklanski, encore visible jusqu'au 9 mars. Les photos de cet artiste iconoclastes sortent de l'ordinaire...
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